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Expression libre, insolente et authentique sur l'actu. C'est gratuit, cruel, incisif parfois stérile et c'est tant mieux !

L'Epidémie Des Males-Bouffe

Publié le 10 Octobre 2012 par Januscream in Sur Scène

Laurent s’engouffra dans le train tout heureux de presser contre lui sa précieuse marchandise. Des poireaux, des courgettes, des tomates séchées. Un bouquet de conneries en direct pour son bide. Et celui de sa moitié. Car si Laurent est heureux comme un pape dans un Club Mickey, c’est que ces bons vivres sont aussi pour sa douce. Autrefois, la bouffe c’était comme le porno. Ça se consommait en solo. On faisait son affaire dans son coin et basta. On n’en faisait pas un plat.

Aujourd’hui, c’est devenu une putain de religion. On ne peut plus dévorer une Knackie froide sans passer pour un fat. Aucun droit de mastication avant d’avoir récité ses prières. Sans avoir éprouvé de la panse au cortex la Passion culinaire. On doit s'en rendre digne. Il ne suffit plus de marmonner à la va-vite quelques Pater Noster. Ni de fermer les yeux sur quelques génocides croisés. La foi du pénitent passe désormais par l'incisive. Il faut jouer du couteau pour déclarer son obédience. C'est dans l'ordre des choses pour toute culture qui régresse : d'abord on s'agenouille dans les frangipaniers, puis on égorge sur les billots.

   Quelle ironie pour notre civilisation, s’étant dressée contre la barbarie païenne, que d’ériger désormais le culte d'un veau d’or élevé sous la mère. Simple question de régime. Mais les lames turbinent toujours à pleins tubes. On découpe, on cisèle, on hache menu. On ligote, on étête, on passe au four. De Nuremberg à l’Ambroisie, la cruauté méticuleuse continue de se raffiner pour le plus grand délice de nos commensaux. Et tout le monde veut y mettre son grain de sel. La lisière séparant les cuistots des convives a volé en éclats. 

D'abord on ouvrit les cuisines au public. Pour voir son repas préparé devant soi. Puis les chefs passèrent en salle pour détailler leur recette. Mais pourquoi? Vous demandez à votre cordonnier de vous raconter votre rabotage de talonnette? Mais là le thème inspire. On se cherche une vocation. A force de ne pas savoir ce que l'on branle au bureau neuf heures par jour, on tente de rattraper sa journée dès son retour au domicile. On troque sa cravate contre un tablier. Et on se prend facilement pour un chef. Bienvenue dans l’enfer démocratique d'un Tiers-Etat sucré-salé.

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Le Manuel Du Parfait Gentleman...? 

 

Est-ce un effet de mode qui enverra bientôt ces odieux pantins au purgatoire, le cœur gonflé par le remords? Ou un effet collatéral d'une culture française sur le déclin?

Perdu pour perdu, on enfilerait l’uniforme pour défendre une dernière fois l'ultime morceau de fierté nationale. Les médias se mêlant à l’effort de guerre en relayant ainsi le son du clairon? Ce sera toujours cela que les immondialistes n’enlèveront pas à la souveraineté de la France. Ça donnera du cœur à l’ouvrage aux cordons bleu-blanc-rouge. Et une très bonne raison d'exploser un autre crédit à la consommation pour s'équiper comme il se doit.

Fort de ses nouveaux joujoux, le quidam pourra courir à l'expérience. C'est-à-dire défouler sa cruauté régénérée sur quelques pauvres lapins de garenne. Rien de nouveau sous le soleil d'Hiroshima me direz-vous. On pourrait s'en émouvoir si la tiédeur de l'acte n'appelait pas à un assentiment massif de nos confrères. La convivialité d'un bon repas chez Uncle Ben's induit surtout un partage de la coulpe. Tous unis sous la bannière.

  Malheur à qui rechigne à la besogne ! Si vous n'êtes pas des leurs, allez serrer une dernière fois vos femmes et vos enfants. Pas de répit pour les foies jaunes. On traque les maquisards de la cuisine moléculaire. Les resquilleurs du STO. La virilité collaborationniste s'opacifie autour des woks et des verrines. Alors qu'auparavant régnait encore le male cossard de méditerranée, le must en cours chez OVS c'est de faire suer les échalotes. Exit la gloire de nos ancêtres moustachus. Le bricolage, désormais, c’est pour les vieilles goudous à la retraite. La dame n'a d'yeux que pour l'étoile du Gault-Millau. Plus pour celle du sheriff,

Aussi messieurs si les vagins vous gagnent, lâchez la chique et la pétoire. Les faveurs de vos compagnes n'attendent plus que des éphèbes bien éduqués. Rincez vos gourdes puant le malt pour un calice de Chardonnay, et hâtez-vous de faire régner la loi dans vos cuisines. Pendant que vous deviendrez des hommes d'intérieur de plus en plus parfaits, vos femmes expulseront sur notre panse clandestine leurs utérines frustrations de ne pouvoir plus rien vous reprocher.

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G
Voilà qui me donne envie de bouffer une bonne assiette de pâtes carbo avec ma ration de houblon. Lorsque l'invasion culinaire menace, revenons au fondamentalisme de nos plats immémoriaux !
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